Préparer votre retraite nécessite de se constituer un capital qui sera récupéré ou vous permettra de vous verser une rente au moment de votre départ en retraite.
De nombreux facteurs doivent être pris en compte afin de vous apporter un conseil responsable et professionnel : votre rémunération bien sûr mais aussi votre patrimoine, vos placements existants, votre fiscalité, votre situation matrimoniale et familiale, vos objectifs et votre goût ou votre aversion pour le risque, les possibilités de développement de votre entreprise, votre niveau d’endettement, votre capacité d’épargne…
Les principaux instruments utilisés en France par les Travailleurs Non Salariés pour préparer leur retraite sont : l’épargne retraite Madelin, l’assurance vie et l’immobilier.
L’épargne retraite
En complément des régimes de retraite obligatoires, vous pouvez épargner pour améliorer vos revenus lorsque vous serez à la retraite, il existe plusieurs types de solutions. Toutes reposent sur le même principe : épargner tout au long de la vie afin de se constituer des revenus supplémentaires au moment de partir à la retraite.
1. L’épargne retraite individuelle
Les pouvoirs publics ont mis en place une législation fiscale et sociale avantageuse pour ces différentes solutions.
Il existe différentes solutions :
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- Contrat d’épargne retraite Madelin, à l’intention des travailleurs indépendants et des professions libérales (Madelin agricole pour les agriculteurs). Le capital accumulé durant la carrière se transforme ensuite en une rente versée en plus des autres pensions provenant des régimes obligatoires. Il faudra attendre votre départ à la retraite pour pouvoir récupérer votre capital sous forme de rente viagère.
Les cotisations sont déductibles mais ne peuvent pas dépasser un certain montant, cumulées avec l’abondement de l’entreprise sur un Perco à votre nom.
Les cotisations versées sur les contrats de retraite Madelin sont déductibles des revenus professionnels du TNS dans la limite des plafonds suivants :
10 % de la fraction du bénéfice imposable dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité Sociale (PASS, en 2018 : 39 732 €), soit 31 785,6 € en 2018, auxquels s’ajoutent 15 % supplémentaires sur la fraction de ce bénéfice comprise entre 1 fois et 8 fois le PASS, soit 41 718,6 € en 2018.
ou 10 % du montant annuel du PASS soit 3 973,2 € en 2018 si le bénéfice imposable est inférieur au PASS
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- Perp (Plan épargne retraite populaire), auquel n’importe quel particulier peut souscrire. Ce plan permet à n’importe quel individu d’épargner sur la durée de sa carrière professionnelle afin de pouvoir bénéficier par la suite d’une pension à vie à l’âge de la retraite. Cette dernière sera ajoutée aux pensions de retraite des régimes obligatoires. Là aussi, il faut attendre votre départ à la retraite pour récupérer votre capital sous forme de rente viagère. Vous pouvez également demander à percevoir en capital 20% de l’épargne accumulée.
Les cotisations versées sur un Perp sont déductibles du revenu imposable dans une certaine limite, égale à 10% des revenus nets d’activité professionnelle (salaire ou bénéfice) de l’année précédente, avec un plafond à 10% de 8 fois le plafond de la Sécurité Sociale (de l’année précédente aussi).
Ce plafond est réduit de la somme des cotisations éventuellement versées :
sur un contrat « article 83 »,
sur un Perco (pour l’abondement de l’employeur et les versements en temps),
sur un contrat Madelin (dans la limite de 10% du revenu, non compris les 15% supplémentaires que l’on peut déduire sur la part du revenu entre 1 et 8 fois le plafond de la Sécurité sociale).
Si le plafond n’est pas atteint, il est possible de reporter le surplus sur les 3 années suivantes.
Les membres d’un couple marié ou pacsé peuvent additionner leurs deux plafonds.
NB : Comme pour le contrat Madelin, il y a un plancher minimal de déduction à 10% du plafond annuel de la Sécurité sociale : tout contractant peut déduire au minimum 3 923€€ (en 2018), même si ce montant représente plus de 10% de ses revenus.
La Loi de Finances pour 2018 a supprimé l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) et instauré, à compter du 1er janvier 2018, l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Les contrats PERP étant des contrats d’assurance-vie non rachetables, ils n’entrent pas dans le champ d’application de l’IFI.
Il existe aussi des contrats de retraite supplémentaire réservés aux fonctionnaires, de type Prefon.
D’autres solutions sont également fréquemment utilisées dans le but de se constituer un complément de retraite : L’assurance vie et l’immobilier.
2. L’épargne en entreprise
Ces solutions bénéficient également d’avantages fiscaux et sociaux. Ces avantages diffèrent en fonction de chaque dispositif. Ils peuvent s’appliquer aussi bien sur les versements des salariés que sur ceux de l’entreprise.
- Le Plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO) est un système d’épargne mis en place par accord collectif ou par décision de l’employeur. Il permet aux salariés de se constituer, avec l’aide de leur entreprise, une épargne pour la retraite, en complément des régimes de retraite obligatoires par répartition. Dans les structures employant de 1 à 250 salariés, le PERCO est accessible aux dirigeants et à leurs conjoints. Il peut être alimenté par différents types de versements qui seront ensuite répartis sur des placements financiers.Les versements sur le PERCO – PERCOI ainsi que le capital investi et récupéré, à l’échéance ou dans les cas autorisés de déblocage anticipé, ouvrent droit à des avantages fiscaux et sociaux pour l’entreprise et le salarié.
- Le contrat dit « article 83 », par référence à l’article du code général des impôts (CGI) qui fixe le cadre fiscal, est un contrat collectif de retraite à adhésion obligatoire, souscrit par l’entreprise.Il permet aux bénéficiaires d’obtenir un complément de retraite par capitalisation. Ce contrat retraite, à cotisations définies, offre des avantages fiscaux et sociaux tant pour l’entreprise que pour les salariés.
- Les contrats « Articles 39 », souvent appelés « retraites chapeaux » : ces produits d’épargne retraite mis en place dans certaines entreprises concernent généralement une catégorie spécifique de salariés : souvent les cadres et cadres supérieurs. Ce sont des produits à « prestations définies » : l’entreprise s’engage dès le départ sur le montant de revenu supplémentaire qui lui sera versé par la suite. En revanche, le salarié doit rester dans l’entreprise jusqu’à la retraite afin de pouvoir en bénéficier.
L’assurance vie
Les produits d’assurance-vie peuvent être – et sont souvent – utilisés dans la perspective d’une préparation de la retraite. Ces contrats peuvent faire l’objet d’une sortie en capital (bénéficiant d’avantages fiscaux propres si le rachat a lieu au bout de 8 ans ou plus) ou d’une sortie en rente. La loi de Finances 2018 est venue modifier en profondeur le régime fiscal de l’assurance-vie en y introduisant la « flat tax ».
1. La fiscalité et les charges sociales des cotisations
1.1. Qu’est-ce qu’un contrat d’assurance-vie ?
C’est un outil d’épargne très souple. Il en existe essentiellement deux types : les contrats en euros et les contrats en unités de comptes. Les versements sont libres et ne sont pas plafonnés. Vous pouvez retirer des sommes à n’importe quel moment : l’épargne est disponible. On parle de « rachats » partiels. Mais suivant le moment où vous le faites et le montant retiré, vous acquitterez plus ou moins d’impôts. Vous pouvez avoir autant de contrats d’assurance-vie que vous le souhaitez. L’assurance-vie peut être perçue en capital ou en rente, suivant votre choix.
1.2. Les impôts pendant la phase d’épargne
Les versements ne donnent droit à aucune réduction fiscale : vous ne pouvez pas les déduire de l’assiette de vos impôts. En revanche, tant que vous ne touchez pas à votre épargne, les intérêts produits ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. Ce n’est qu’au moment du « rachat », partiel ou total, c’est-à-dire quand vous prélevez des sommes, que l’impôt sera dû.
1.3. Les charges sociales pendant la phase d’épargne
Sur les contrats en euros, les charges sociales sur les intérêts produits sont prélevées à la source, chaque année. Elles s’élèvent à 15,5%.
Sur les contrats en unités de compte, les charges sociales sur les intérêts produits ne sont prélevées qu’au moment du retrait des sommes.
2. La fiscalité et les charges sociales sur les plus-values
Depuis la loi de finances 2018 et la création de la « flat tax » ou Prélèvement forfaitaire unique (PFU), le paysage fiscal des contrats d’assurance-vie a été modifié. Désormais, la fiscalité applicable aux plus-values dépendra non seulement de l’ancienneté du contrat d’assurance-vie mais également de la date de versement des primes.
Primes versées après le 27 septembre 2017 : mise en place de la « flat tax »
La fiscalité sur les assurances vies a été allégée depuis la rentrée 2017.
Primes versées après le 27/09/2018 | ||
Ancienneté du contrat | Encours ≤ à 150 000€ | Encours > à 150 000€ |
Inférieure à 4 ans | IR ou PFU de 12,8% | IR ou PFU de 12,8% |
Comprise entre 4 et 8 ans | IR ou PFU de 12,8% | IR ou PFU de 12,8% |
Supérieure à 8 ans | IR ou PFL de 7,5% | IR ou PFU de 12,8% |
Exemple : vous ouvrez un contrat d’assurance-vie le 1er février 2018. Toutes les plus-values que vous ferez par la suite seront imposées à 30 %. Une plus-value de 10 000€ se verra appliquer un prélèvement forfaitaire unique total de 3 000€.
Les charges sociales :
Pour les contrats en euros, les charges ont déjà été payées chaque année sur les produits. Les plus-values n’en paient donc pas.
Pour les contrats en unités de compte, les plus-values sont soumises aux charges sociales à hauteur de 15,5%.
Rappel : Primes versées avant le 27 septembre 2017
En cas de sortie en capital totale ou partielle, les plus-values réalisées depuis l’ouverture du contrat sont soumises, au choix de l’assuré, à l’impôt sur le revenu (IR) ou au prélèvement forfaitaire libératoire (PFL).
Le taux de ce prélèvement dépend de l’antériorité fiscale du contrat :
Ancienneté du contrat | Taux du PFL |
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inférieure à 4 ans | 35 % |
comprise entre 4 et 8 ans | 15 % |
supérieure à 8 ans | 7,5 % |
* En cas de rachat après 8 ans, les produits financiers bénéficient d’un abattement annuel (tous contrats d’assurance vie et de capitalisation confondus) de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple marié ou lié par un PACS, soumis à imposition commune. Cet abattement ne s’applique pas en ce qui concerne les prélèvements sociaux.
3. La fiscalité et les charges sociales de la rente
3.1. L’impôt sur le revenu
Si vous choisissez de percevoir votre épargne sous la forme d’une rente, celle-ci ne sera imposée qu’en partie, dans des proportions qui changent avec votre âge au moment de sa mise en place :
- 70% avant 50 ans,
- 50% de 50 à 59 ans,
- 40% de 60 à 69 ans,
- 30% à partir de 70 ans.
La rente est donc d’autant moins imposée que le bénéficiaire est âgé au moment de la liquidation.
3.2. Les prélèvements sociaux
La rente est également soumise aux prélèvements sociaux. Ceux-ci s’élèvent à 15,5%, calculés sur la même base que l’impôt sur le revenu (par exemple, sur 40% de la rente si vous avez liquidé votre contrat entre 60 et 69 ans).
Les règles de fiscalité de ces produits sont complexes et susceptibles d’évoluer. N’hésitez pas à prendre conseil.